Triptyque Trois en Un

Et c'est reparti comme en 40, la guerre, les attaques, les hélicoptères, les martyrs, les terroristes ... en même temps ça n'avait pas réellement cessé. Cruel quotidien et quoi de mieux que l'art pour découvrir de nouveaux horizons et s'échapper de cette réalité cruelle. Voici une pièce maîtresse de l'Université Galatasaray (hall du secrétariat). Parfois, on se dit de l'art, "facile n'importe qui peut le faire". Dans ce cas, l'ingéniosité et la créativité de l'oeuvre impressionne, l'artiste va jusqu'à proposer une vision allégorique d'un pays qui fait corps avec un homme. Mais qui peut bien être cette homme ? Une surprise sera offerte à celui qui répondra le plus vite.

Les traductions dangereuses

Cette fois point de sarcasme ou d'ironie, je vais essayer simplement de traduire aussi fidèlement que possible (d'avance désolé pour les approximations) les titres de ce magazine destiné à la classe intellectuel kémaliste. Je trouve que ces titres sont assez représentifs des préoccupations actuelles d'une partie de la population turque.

Ileri : En Avant
Trimestriel de pensée Atatürquiste.

Les forces unies hostiles à la Turquie
L'"Américanisme et le Kurdisme"

1) L'opération politique du PKK
2) Nous sommes tous responsables
3) Il n'y a pas de question kurde, il y a l'invasion et le séparatisme !
4) La géopolitique américaine et les kurdes.
5) L'impérialisme des Etats-Unis en Irak est en mauvaise posture!
6) Existe-t-il une langue kurde?
7) La politique anti-impérialiste d'Atatürk.
8) L'association stratégique entre les Etats-Unis et les kurdes.

En médaillon à droite :
Je fais mes courses turques
Mon argent n'ira pas au PKK

Woo hoo Woo hoo

Woo hoo- Sex bomb @ Kemanci bar 22/2
Vidéo envoyée par lebainturc

Woo Hoo est un groupe de cinq jeunes filles dans le vent qui se produisaient hier pour la cinquième fois de leur carrière. Frais (je n'aime pas ce mot mais pour une fois c'est approprié), talentueux, dynamique et décomplexé (reprise des Spice Girls, chapeau), Woo Hoo est arrivé à fédérer un public de genç (jeunes) autour de reprises rock/funk de tubes interplanétaires des années 70 à 90. Le tout emmené par une superbe voix. Et à la fin du concert, toute la salle de s'époumonner: "woo hoo woo hoo".
site : http://www.woohooist.rockmekan.com/

!F Istanbul / Le festival du ciné indépendant

Depuis le 14 février se tient à Istanbul le festival du film indépendant. Il s'achève ce week-end. Ce type de festival permet à toute une foule de jeunes et de cinéphiles (les scéances sont presque tout le temps pleines) de voir des productions qui ne seront jamais distribuées en Turquie. Même à Istanbul le nombre de salles qui projectent des films indépendants, d'art et d'essai ou d'auteur est très réduit. La sélection est très éclectique.
Parmi les quelques films que je suis allé voir, My Winnipeg (photo ci-dessus) de Greg Maddin est celui qui m'a le plus marqué. Très réussi esthétiquement, c'est une sorte d'autobiographie oscillant entre images d'archive, fiction onirique et documentaire d'information. Greg Maddin parle de sa ville natale, Winnipeg, un trou perdu (tout de même 700 000 hab.) au milieu du canada, qu'il réussit presque à nous rendre attractif.
Le plus intéressant a tout de même été l'atelier consacré à l'activisme vidéo auquel j'ai participé. J'ai appris comment la vidéo pouvait aussi être (en dehors de filmer ses potes en train de faire des conneries) une redoutable arme de défense et de protection des mouvements sociaux contre la police et l'armée. Pour bien utiliser sa caméra il y a quelques règles basiques à connaître. Un activiste israélien est aussi venu nous parler de l'organisation B'Tselem (le centre israélien d'information sur les droits de l'homme dans les territoires occupés) et de comment ils arrivaient à impliquer la population palestinienne pour documenter leurs conditions de vie horribles et les attaques ou humiliations dont elles sont l'objet par l'armée ou les colons juifs.

Chez mon GÜVENLIK

Peut-être le métier le plus courant en Turquie (après les employés de l'industrie du textile et les policier peut-être). Les Güvenlik sont les agents de sécurité privés ou publics. On les trouve principalement à l'entrée des bâtiments publics, des ambassades, des universités aussi. Il ont toujours la même cahute de 5m2 (modèle ci-dessus ou un peu plus moderne) dans laquelle ils passent la majorité de leur temps à regarder des écrans de surveillance quand ils ne sont pas absorbés par un match de foot ou une série télévisée. Cette photo a été prise dans le souterrain menant au tramway à Karaköy, elle dispose de tous les attributs d'une bonne cabane de Güvenlik: photos d'Atatürk (même si c'est un peu too much ici), drapeaux turcs (too much de même), carte de la Turquie, photo touristique (la tour de Léandre). Au cas où on ne saurait toujours pas à qui on a affaire, remarquons le logo du parti kémaliste CHP qui est disposé au coeur des portraits du père de la nation turque.

KAR - NEIGE

Il neige, il vente, il neige depuis deux jours sur la ville. Tout est recouvert d'un joli manteau blanc immaculé. La circulation devrait s'annoncer chaotique dans les jours qui viennent, les écoles seront fermées. Les rues sont maintenant recouvertes d'une couche de cinq à dix centimètres de neige. Il ne me reste plus qu'à construire une luge pour descendre ma coline. Comme des gamins, nous avons fait une grande bataille de boules de neige en sortant de boîte à cinq heures du matin. Un petit air de Montréal plane sur le Bosphore !

IMGP3723
envoyé par lebainturc

Dur dur dur !

Panneau Stop
Originally uploaded by clemgirardot

Non ce n'est pas un photo montage, les panneaux de signalisation STOP en Turquie sont traduits en turc. Le verbe pour "s'arrêter" est "durmak", ce qui donne à l'inpératif "Dur". C'est facile la conjugaison turque, n'est-ce pas?
Ce cliché a été pris aux abords de la ville de Selçuk pendant mon voyage.

Happy Valentine

Hier, c'était la fête des amoureux et Istanbul n'a pas dérogé à la grande messe du romantisme de pacotille. Vendeurs de roses, petits balons en forme de coeur dans les boutique, dîners aux chandelles et j'en passe et des meilleures. Tout ceci serait resté dans les limites du soutenable si la mairie de Beyoglu n'avait cru bon d'exposer des dizaines de photographies traitant de l'Amour sur Istiklal Caddesi. Je ne sais pas qui a été le curateur de cette exposition mais sa conception de la photographie me parait bien pauvre. Tous les clichés ne sont que des juxtapositions de stéréotypes tous plus dégoulinant les un que les autres. Couchers de soleil, couples heureux(toujours hétérosexuels) qui se marient, s'enlacent sur la plage; des photos de coeurs bien roses aussi. Bref, écoeurant est bien le mot qui convient. Ecoeurant de même, le nationalisme rampant qui n'a pas pu s'empêcher de s'afficher parmi les roucoulades. Après tout, quel amour peut dépasser celui que l'on porte à son pays?

Esthétique du voile

Alors que le débat agite toute la Turquie, que la révision constitutionnelle permettant l'abrogation de l'interdiction du port du foulard dans les universités vient d'être votée, je propose (en toute modestie) un concensus qui pourrait mettre tout le monde d'accord. Ainsi, le CHP ne lancera pas de manifestations et l'armée n'aura pas besoin de faire un coup d'Etat pour rétablir la laïcité puisque ce sera la beauté qui aura triomphée.
Donc (roulement de tambours) je soumets l'idée suivante : seules les foulards de marque Aker ou Pierre Cardin (ce qui sera bon pour notre commerce extérieur qui en a bien besoin) seront autorisés. Pour la petite histoire, Aker est le distributeur de la marque française en Turquie. J'entends déjà certains qui sont tentés de me traiter de fasciste mais avant toute chose regardez ces photos, ces jeunes filles n'ont-elles pas l'air modernes, ouvertes d'esprit, bien éduquées ? Pourquoi leur refuserait-t-on l'entrée à l'université ? Mes profs de sciences politiques ont souvent répété que la politique c'est avant tout faire des compromis, dans ce cas le compromis s'impose et me paraît juste !

Choc culturel

Je suis parti cinq mois de France et en revenant je me sens étranger dans mon propre pays. Pourquoi? J'ignorais tout de la nouvelle tendance de la danse tectonique, qui s'écrit Tecktonik (le nom a été déposé). C'est un vrai buzz médiatique depuis plusieurs mois avec sa musique, sa mode, ses coupes de cheveux, ses blogs et surtout ses vidéos sur You Tube.

Emmené par une poignée de jeunes parisiens, ce qui aurait dû rester un trip de clubber est devenu un phénomène social, ce qui en dit long sur la déchéance morale et culturelle de la République.

On a l'habitude de se moquer gentiment des danses un peu exotiques ou des hordes de teuffeurs qui vont s'exploser les tympans et le cerveau dans les raves mais là franchement je crois qu'on atteint des sommets. Et dire que les pionniers de la Tecktonik se prennent vraiment au sérieux et se voient déjà comme des Fred Astaire ou des John Travolta du troisième millénaire. Tout en s'éclatant comme des petits fous ces djeuns prônent une bonne vieille morale hygiéniste (ces types se vantent de s'épiler les aisselles, de ne pas boire ni consommer de drogues et de s'appliquer des masques gommant) et eugéniste tout en récupérant l'esthétique gay de manière caricaturale. Un coktail détonnant !
Le mouvement Tecktonik a même son emblême, le jeans slim:

Que Dieu nous préserve de la Tecktonik en Turquie ! J'ai bon espoir sur ce point là.